Historique de l’orgue.
L’histoire de l’orgue nous semble bien connue à ce jour malgré le peu d’informations retrouvées ce qui en soit est une chance car cela signifie que l’instrument n’a connu que peu de transformations. Les archives mentionnent deux paiements à Robustelly, le premier en 1769 et le second en 1770. Les recherches ne nous ont rien révélé d’autre. Nous pouvons imaginer qu’entre 1770 et 1956 l’orgue est quasiment resté dans son état d’origine.
Cependant, un document rédigé à la suite des travaux de 1956 témoigne d’une « restauration » par le facteur d’orgues Arnold Clerinx ( 1816-1898) dans le courant du XIXè siècle sans autre précision. Nous savons aujourd’hui grâce aux journaux retrouvés dans les porte-vent que l’année de ces travaux est 1886. Nous pouvons imaginer que l’intervention s’est limitée à un accord, un entretien général et sans doute au remplacement des soufflets cunéiformes par un soufflet à tables parallèles. Celui-ci était alimenté par un souffleur qui manœuvrait deux pompes à pied. Arnold Clerinx connaissait bien les orgues Robustelly pour avoir transformé l’orgue de la chapelle de Bavière et celui de Saint-Remacle. Il est notoire que les facteurs d’orgues des XVIIIe et XIXe siècles avaient pour habitude de remplacer le matériel historique par du matériel qui leur était propre. Fort heureusement, cela n’a pas été le cas pour l’orgue de la chapelle.
La date de 1956 est liée à l’intervention de Monsieur Joseph Tramaseur organiste à la cathédrale de Liège et réparateur d’orgues… Un document nous informe que l’orgue était muet depuis environ 25 ans et que ce travail a permis de l’entendre à nouveauLa transformation importante a consisté dans le déplacement du positif sur une structure située sur la gauche de la tribune, structure simple faite de panneaux en bois très léger. L’objectif de ce déplacement était d’apporter un nouveau plan sonore « expressif » à la composition de l’orgue. Les tuyaux du clavier « positif » étaient renfermés dans une boite expressive qui pouvait être manœuvrée par l’organiste à l’aide d’une pédale située sous les claviers
Si cette intervention a bouleversé la structure de l’orgue nous devons cependant nous réjouir, tout comme après les travaux de Clerinx, que presque tout le matériel ancien ait été conservé contrairement à beaucoup d’instruments restaurés à des époques antérieures et dont le matériel historique a disparu au profit d’une « certaine » modernité.
Aujourd’hui, avec le recul, il est heureux de constater que les claviers historiques et la totalité des jeux d’anches ont été conservés. C’est un cas unique en Belgique. Seuls ont disparu les tuyaux aigus comme les mutations, la cymbale et une partie du cornet. Cette pratique était fréquente chez les organiers au XIXe et début du XXe siècles. Nous constatons également que le diapason d’origine n’a pas subi de modification et même que le tempérament de l’accord n’a été que très modestement adapté. Ce qui a préservé cet instrument c’est sans doute l’impossibilité financière des propriétaires de la chapelle Saint-Roch à procéder à des transformations !
Le Picard – Robustelly
Jean-Baptiste le Picard, est incontestablement un personnage incontournable dans le domaine de la facture d’orgues à Liège au XVIIIème siècle. Les sonorités puissantes et riches de ses instruments (l’orgue des Sœurs Bénédictines à Liège, celui de Beaufays ou encore l’orgue de l’église d’Elsaute sur la commune de Thimister-Cermont) témoignent de la forte personnalité de cet organier qui a marqué tout le XVI
Nous imaginions que son disciple et élève, Guillaume Robustelly, aurait marqué ses instruments de sa propre empreinte également et aurait adouci les sonorités puissantes de son Maître pour privilégier des sonorités plus douces. Il n’en était rien ! En effet, dès le début du travail d’harmonisation de Dominique Thomas, nous avons été très étonnés du caractère imposant de la sonorité des tuyaux. Nous imaginions également que Robustelly aurait tempéré l’instrument pour lui donner une souplesse que n’avaient pas les orgues de son Maître et lui permettre de jouer dans des tonalités plus variées. Il n’en était rien non plus! Il est important de souligner également que les tuyaux n’ont jamais été transformés et que presque tous sont restés dans l’état d’origine sans jamais avoir été recoupés ou modifiés au niveau de la bouche et des pieds.
Pour comprendre cet état de fait, nous sommes retournés aux archives, replonger dans la lecture des contrats concernant d’autres orgues de Guillaume Robustelly pour y découvrir qu’il lui était souvent demandé de construire l’orgue, la mécanique, les tuyaux … Et de faire appel à Jean-Baptiste le Picard, son Maître, pour l’accord et l’harmonisation !Nous pouvons en déduire qu’il y avait entre les deux facteurs d’orgues une collaboration très étroite sans réelle différence esthétique.
Suite à ces observations pour le moins surprenantes, nous avons décidé de respecter scrupuleusement les paramètres relevés. Bien sûr, Il n’a pas été possible de retrouver le tempérament exact appliqué à l’instrument mais pour éviter à tout prix de recouper les précieux tuyaux, le choix s’est porté sur le tempérament de « Sauveur ». Ce tempérament est en effet un des rares permettant de ne pas toucher aux paramètres de la tuyauterie Robustelly. On est donc ainsi quasiment certain de retrouver la sonorité de l’orgue telle qu’elle était après l’harmonisation par le Maître Robustelly … Et de ce fait , peut-être même de Jean-Baptiste le Picard.
Si Jean-Baptiste le Picard a importé de France à Liège l’esthétique des organiers français, Guillaume Robustelly a consacré son talent à perpétuer un style qui s’est imposé dans la Principauté liégeoise durant plus d’un siècle.
Son talent se révèle dans la perfection de son travail. La tuyauterie, en bois comme en métal, est magistralement réalisée, la mécanique bien étudiée, le travail d’ébénisterie est d’une grande élégance et l’orgue dans son ensemble est parfaitement intégré dans la chapelle.
Les particularités de l’orgue de la chapelle Saint-Roch
Guillaume Robustelly a dû être confronté au manque de place à la tribune. Entre la balustrade et le mur de l’édifice il n’y a que peu d’espace. La profondeur du socle ajoutée au caisson de protection des soufflets cunéiformes ne devait pas empêcher un passage derrière l’instrument. La distance entre les claviers et la balustrade laisse un minimum d’espace à l’organiste. L’idée judicieuse de l’organier a été de placer le jeu de cromorne au positif seulement pour les deux octaves les plus aigües. Cela lui a permis d’en hausser le sommier pour glisser en dessous la base des deux soufflets cunéiformes. L’espace gagné permettait ainsi un passage à l’arrière de l’instrument.
Les deux claviers de l’orgue ne disposent pas d’un dispositif d’accouplement. Le « positif » devait avoir pour objectif principal l’accompagnement soit de chanteurs, soit d’un jeu sur l’autre clavier de l’orgue. A cette époque, en effet, le but d’un positif n’était pas d’offrir des jeux plus doux que ceux du grand orgue mais bien d’apporter d’autres sonorités et d’être accouplé au grand orgue pour lui donner plus de volume. Ce « positif » n’est donc pas un vrai positif au sens propre du terme mais serait plutôt un récit. Pour preuve les deux jeux à caractère soliste : la voix humaine et le cromorne haut. Nous pourrions parler ici littéralement de « positif à caractère de récit ».
Contrairement à la plupart des orgues liégeois du XVIIIème, le grand-orgue n’a pas de sesquialterra. Ce jeu, à taille de principaux, avait pour objectif d’être utilisé à la manière d’un cornet mais pouvait aussi enrichir d’harmoniques le plein-jeu. La dimension de la chapelle, le manque de place sur les sommiers et la brillance naturelle du plein-jeu rendaient ce registre inutile.
Que jouaient les organistes au temps des facteurs d’orgues
Nous ne sommes malheureusement pas en mesure de le dire. Les quelques rares manuscrits parvenus jusqu’à nous sont le livre des Frères Croisiers, le livre d’orgue de Lambert Chaumont et celui de Thomas Babou. La Principauté de Liège comptait un nombre important d’églises pourvues d’orgues et donc d’organistes. Le chant grégorien était d’application et nous pouvons penser que les hymnes, quand ils n’étaient pas exécutés a cappella, étaient accompagnés par l’orgue. L’organiste improvisait sans doute les accompagnements tout comme il devait également improviser des pièces d’orgue. Si nous avons conservé un nombre important d’œuvres pour chœur, orchestre et solistes, nous n’avons (contrairement aux Français) que peu de témoignages de l’écriture pour orgue et du répertoire des organistes de cette époque.
Maître d’œuvre : l’ASBL : « Les Amis de la Chapelle Saint-Roch
en Volière à Liège»
Auteur de projet : Patrick Wilwerth & « Atelier Nord d’Architecture »
Grand orgue
Bourdon 8'
Prestant 4'
Doublette 2'
Flûte 4'
Tierce
Nasart
Cymbale III
Fourniture IV
Cornet V
Trompette 8' h/b
Positif
Bourdon 8'
Flûte 4'
Doublette 2'
Cromhorne 8' haut
Voix humaine 8'