Les travaux
En 1968, l’orgue a subi une restauration qui reste, à notre avis, remarquable tant du point de vue technique que musical.
L’église avait souffert de la guerre et l’objectif en 1968 était de rendre à ce somptueux instrument une mécanique correcte commandée par des claviers neufs intégrés dans une console en fenêtre construite dans le style propre à cette époque.
On attendait avant tout de l’instrument qu’il soit bien adapté au culte ; qu’il permette de jouer une musique contemplative, belle et douce, mais qu’il puisse également accompagner les chants sans couvrir l’assemblée. Pour obtenir ce résultat, l’harmonisation devait être entièrement revue mais au préalable, la pression du vent fourni par le ventilateur devait être abaissée. En conséquence, le son était affaibli et perdait de son caractère et de sa personnalité.On obtenait ainsi une belle harmonie mais peu de souffle et de puissance.
Force est de constater que l’esthétique est une discipline philosophique en perpétuelle mutation et il est vain de vouloir ignorer ces mutations. Il n’existe plus de Stradivarius dans l’état originel, tous ont été transformés ! Le piano de Liszt n’est pas le piano d’aujourd’hui et les compositeurs contemporains n’écrivent plus comme Liszt ou Vivaldi.
L’orgue suit également ces courants esthétiques.
Devons-nous imposer de remettre l’orgue dans son état originel? Tant bien que mal nous tâchons de retrouver les racines de l’instrument et de les respecter. Nous tâchons de remettre l’instrument dans un état aussi proche que celui d’origine sans suivre « une mode » imposée par notre temps. Car l’esthétique de l’orgue actuel sera probablement dépassée dans 10 ou 20 ans. Mais de quel style est-il actuellement ? Plus précisément, quel style pourrions-nous donner à l’orgue Korfmacher de l’église Saint-Remacle ?
Nous n’avons pas le droit à l’erreur et nous savons que les maîtres d’autre fois ne se trompaient pas !
Pas moins de dix cahiers des charges ont été élaborés ; avec la collaboration entre autres de Jean-Michel Allepaerts, organiste de Saint-Remacle. Revenir à l’orgue d’origine, avec trois claviers, était une belle option mais hélas très onéreuse. Le retour à l’état Schyven-Thomas était plus raisonnable et financièrement plus acceptable tant pour la fabrique d’église que pour la ville de Verviers et la Région wallonne. C’est pour cette raison que nous ne parlons pas de « restauration », mais : « d’harmonisation des différentes phases de restauration antérieures ».
La tuyauterie a été entièrement démontée et dépoussiérée.
Les sommiers ont été démontés. Sur les soupapes on a appliqué un petit soufflet permettant d’en faciliter l’ouverture. En effet, l’accouplement des claviers était extrêmement dur avant cette intervention.
Les barres de registres ont été adaptées pour avoir une course plus importante. Avant cette intervention, le tirage de certains jeux s’effectuait sur moins de deux à trois centimètres.
La pression de l’ensemble de la tuyauterie des claviers est de 85 mm et de 95 pour le pédalier.
Un ventilateur neuf a été installé
L’harmonisation a été entièrement revue.
Une permutation entre la Flûte 2 (jadis au GO) et la doublette (POS) était logique.
Un rang neuf de cymbale a été placé sur la chape libre du jeu de cymbale au G.O.
L’augmentation de la pression entraina l’obligation d’allonger certains tuyaux.
Les tuyaux du clavier du récit sont logés dans un meuble derrière le grand orgue mais il n’y a pas de toit en bois, on est directement sous la voute de l’église. Celle-ci a été replafonnée.
Pour profiter d’un son plus direct l’intérieur du meuble du récit a été enduit d’un verni permettant d’accentuer la réflexion du son sur les parois du meuble vers l’extérieur.
Il n’y a eu aucune intervention sur la console (si ce n’est les tirants de registres) ni sur le meuble.
Restauration : La Manufacture d’orgues Thomas - Auteur de projet : Patrick Wilwerth